Temple de Denderah
Entrée du temple de Denderah, une fois désensablé
« Esquisses de David Roberts en Égypte et en Nubie ».
(Editions Casao Artium © D.R. pictures ex Casao Artium Editeur)
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La fameuse campagne en Égypte du général BONAPARTE,
en 1799, a eu bien des effets secondaires dont les militaires étaient
certainement loin de s'attendre ! Telle la découverte de
la «Pierre de Rosette» qui donna un merveilleux essor
à l'égyptologie naissante, telle aussi la
redécouverte du temple de Denderah, à quelques
soixante kilomètres des ruines de l'antique
Thèbes, «la ville aux cent portes d'or» et
ce zodiaque énigmatique. Vingt
ans après, ce planisphère
arrivait au Musée impérial (le futur Musée
du Louvre) où une réception gigantesque eut lieu,
qui dépassa de loin l'engouement des foules pour les expositions
Ramsès II, et même Tout-Ankh-Amon ! Mais, en ces années
1820, les opinions des savants du monde entier prirent des partis
opposés entre eux, à tel point que plus de deux cents
« mémoires » furent déposés dans
les différentes Académies, tant à Paris, qu'à
Berlin, Saint-Pétersbourg, Londres, etc.
Les uns prétendirent que, ce temple datant de l'époque
gréco-romaine, il ne s'agissait là que d'un ornement
zodiacal sans aucun intérêt. D'autres, parmi lesquels
était Champollion, affirmèrent que la position réciproque
des douze constellations et des planètes, prouvait que le
dessin des saisons était d'une période égyptienne
de 2.000 ans antérieure aux grecs, et que par conséquent
il fallait prendre ce planisphère au sérieux. Un troisième
groupe, et non des moindres puisqu'il comprenait des astronomes
distingues comme Ch. Dupuis, démontra qu'il s'agissait là
d'une période précessionnelle précise, la constellation
du Lion menant la spirale des Douze à reculons ! Ainsi donc,
la carte du ciel ne datait ni des grecs,
ni des Égyptiens qui vivaient à Dendérah deux
millénaires auparavant, mais elle parlait d'un jour donné
du douzième millénaire, que cela soit croyable ou
non !
À cette
affirmation, un quatrième clan protesta véhémentement
: celui des penseurs de la chronologie biblique, mené par
Monseigneur Affre, Archevêque de Paris qui menaça en
bloc tous les blasphémateurs et les impies pris de zodiacomanie
d'une excommunication totale ! Car, ne l'oublions pas, nous sommes
en 1820, et à cette époque encore toute récente,
selon les interpréteurs de l'Ancien Testament de ce temps,
Adam était né seulement 5.000 ans avant Jésus-Christ,
et la terre n'existait pas 6 000 ans avant notre ère !
Mais les érudits, quelles que furent leurs pensées,
ne pouvaient s'y tromper : l'Égypte recelait des trésors
dont l'antiquité n'était pas mesurable pour eux !
Ce qui fit écrire à l'un de ses amis, l'égyptologue
français G. Maspero, le 27 juin 1900 :
« Denderah ! Ce nom évoque chez tous ceux qui ont fait
le pèlerinage classique de l'Égypte en felouque sur
le Nil, la première vision réelle de la beauté
la plus pure et la plus antique qu'ils aient eue d'un temple égyptien
».
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