Au troisième degré « les Obsèques»,
se jouait ce qu'on peut appeler « le Drame d'Osiris ».
Cette initiation avait lieu dans un souterrain à peine éclairé,
tendu de noir, et les emblèmes de la mort étaient figurés
sur le tissu. Au centre se trouvait un cercueil ouvert, couvert d'un
drap mortuaire. A l'entrée de l'initié, le Hiérophante
lui remettait une branche de l'arbre Erica (bruyère en arbre),
consacré à Osiris : l'initié jouait le rôle
d'Osiris. Le Hiérophante le faisait mettre dans le cercueil
et le plongeait dans un sommeil magique si particulier, qu'il libérait
son moi conscient, et tout en étant comme mort dans le cercueil,
il restait éveillé dans le monde spirituel. Cette initiation
tendait à libérer l'âme de l'initié de
son corps mortel pour s'élever au plan spirituel. Le meurtre
d'Osiris s'identifiait au meurtre apparent de l'initié. Le
temps fixé pour le sommeil magique était variable, quelques
heures ou trois jours ; on sortait alors l'initié du cercueil
et on le portait dans un endroit où les rayons du soleil pouvaient
atteindre son visage, et l'Hiérophante le réveillait,
il était « né de nouveau ».
C'était à Osiris que l'on devait ce que l'initié
avait appris dans les deux premiers degrés. Dans le symbole,
Isis écrivait la parole sacrée que Seth, meurtrier d'Osiris
effaçait aussitôt; c'était cette parole sacrée
que l'initié devait chercher, d'où les « voyages
» comparables à ceux d'Isis à la recherche d'Osiris.
Le mot sacré de ce troisième degré était
« Osiris » qu'on ne devait ni dire ni écrire, mais
pour se reconnaître entre eux, les initiés pouvaient
dire : « La chair quitte les os », allusion au cercueil
d'Osiris, et « Byblos », ville où l'on retrouve
le corps d'Osiris. Un mot sacré pour ce degré était
encore « Beauté », fruit de la force et de la sagesse.
Après ces trois degrés commençaient les Grands
Mystères, fondés sur le spiritualisme.
Le quatrième degré, la « vengeance », s'appelait
ainsi, parce que l'initié devait imiter Horus, le fils d'Osiris.
Osiris, auteur du bien et de l'ordre, avait été tué
par Seth, symbole de toutes les passions humaines. L'initié-Horus
devait les combattre et les vaincre, pour venger Osiris, se rendre
digne de connaître la Doctrine Sacrée et voir la Lumière.
Au cinquième degré l'initié arrivait à
la cérémonie de « l'Affranchissement ».
On le supposait esclave chez un peuple étranger, et ce n'est
qu'au prix de travaux et de combats qu'il retrouvait sa liberté
; ses chaînes tombaient et il n'avait plus qu'un degré
à franchir pour parvenir à la Lumière, à
la Vérité. On lui donnait à méditer «
L'Etoile Flamboyante », Sirius, consacrée à Isis
: Isis considérée comme source de la Lumière.
Pour être admis à l'« autopsie », le sixième
et dernier degré, l'initié devait expliquer les symboles
des trois degrés précédents, et découvrir
les vérités morales et religieuses enfermées
sous le voile des mystères. Il devenait alors « Grand
Initié » dont le mot sacré était Isis.
Dès le moment où l'initié, dûment instruit,
quittait le temple, il appartenait à une société
secrète dont les buts étaient élevés et
les connaissances profondes; il prenait souvent une place importante
dans le Conseil du Pharaon, étant devenu plus « spirituel,
plus juste, et meilleur à tous égards », dit Diodore
de Sicile. Ce que l'initié avait appris et vu, Il le gardait
secret Pour toujours. La tombe d'un Grand-Prêtre de Memphis,
qu'on peut voir au Musée du Louvre, porte ces mots : «
Il pénétra les mystères de chaque sanctuaire,
rien n'était caché pour lui. Il recouvrit d'un voile
toutes les choses qu'il avait vues».
Cet article n'est qu'un bref aperçu de très antiques
traditions. Comme l'initié Égyptien, si l'étudiant
veut parvenir à la Lumière, il doit travailler et persévérer,
de degré en degré, dans le chemin qu'a tracé
la « Grande Fraternité Blanche », que perpétuent
les organisations authentiques et traditionnelles. (Article de Yvonne
TORTAT)